
La rue Lamontagne. Photo Mychel Lapointe
La ville enclavée
MATHIEU LOCAS
Saint-Colomban a fait les manchettes plus souvent qu’à son tour au cours de la dernière année. Le dossier de la rue Lamontagne a même été traité par des médias nationaux. Une phrase revient souvent quand on parle d’histoire: «il faut savoir d’où l’on vient pour savoir où on s’en va». Quand on regarde le portrait des 200 dernières années, on comprend mieux pourquoi Saint-Colomban se trouve dans un cul-de-sac en matière de réseau routier.
L’arrivée massive d’Irlandais catholiques vers 1820 forçait le Québec à être créatif pour leur trouver des terres à exploiter. Certains de ces immigrants ont abouti au nord de la Seigneurie du Lac-des-Deux-Montagnes, en bordure de la rivière du Nord. Les nouveaux arrivants ont défriché leur lopin de terre, tout en ayant accès à une source d’eau. D’environ 1 000 habitants, qu’elle était en 1830, la population a plongé sous les 300, un siècle plus tard. Cultiver au début du bouclier canadien n’avait rien de bien attirant pour les familles de 12-15 enfants. Une nouvelle vague d’immigrants en provenance de l’Europe de l’Est débarque vers 1930. Et dans les années 60, avec le début de la mode des chalets à la campagne, Saint-Colomban a vu une nouvelle vague de contribuables. C’est toutefois à partir des années 80 et 90 que les développeurs ont pris d’assaut la ville en créant des secteurs pas nécessairement homogènes entre eux.
Les limites de la Ville étaient toujours les mêmes, soit la rivière du Nord au sud, Saint-Jérôme à l’est, les Mille-Îles au nord, et Gore à l’ouest. Et compte tenu du développement, les accès demeurent limités, d’où le problème d’accessibilité de maintenant.
Le maire Xavier-Antoine Lalande est au fait des défis de sa ville. Il demeure conscient que les années 90 ont fait mal. La réforme Ryan, où le MTQ a redonné plusieurs routes à des petites villes, et le développement un peu cowboy de petits secteurs résidentiels, ont laissé des cicatrices profondes. Il avoue que les promoteurs ne sont plus les rois et maîtres de Saint-Colomban.
Conscient que sa ville se voit souvent accoler le qualificatif de dortoir, le maire Lalande estime qu’avec le développement d’Internet, plusieurs employés ou entrepreneurs peuvent travailler de la maison. Cependant, il considère aberrant de devoir rouler 7 km pour aller prendre un café.
Une route MTQ
Une fois qu’on a dit que Saint-Colomban attire les jeunes familles et que sa position géographique avantage le développement résidentiel, on fait quoi? Lors de la rencontre du conseil municipal en mai dernier, le maire de Saint-Jérôme, Stéphane Maher, a affirmé que la conclusion du dossier (chicane Lamontagne) va se terminer par la création d’une nouvelle route, autorisée par le MTQ. Sans connaître tous les détails du dossier, il y a un brin de logique dans cette réponse. On a beau favoriser le transport en commun, le télétravail et d’autres mesures pour limiter les déplacements en automobile, reste qu’il est totalement anormal qu’une ville de plus de 13 000 citoyens ait trois bouts de rues comme accessibilité. Sainte-Sophie a la 158, Prévost la 117, Mirabel une tonne de routes, Saint-Eustache la 13, 640 et Grande-Côte. Pendant ce temps, les citoyens de Saint-Colomban doivent, soit enjamber un pont à St-Canut, utiliser le boulevard Lamontagne ou faire un détour par le vieux Bellefeuille.
La demande est forte pour construire. Les terrains demeurent vastes et attirants. Saint-Colomban présente véritablement le concept «la ville à la campagne». Il y a 40 ans, les moins fortunés choisissaient cette ville pour une raison économique. Maintenant, ils la choisissent parce qu’ils ont de l’argent et veulent de la place. Il serait donc temps de sortir la planche à dessin pour éventuellement sortir la pépine pour donner un accès décent à une ville plus que décente.
Je demeure disponible à mathieu.locas@hotmail.com.